Le Professeur Chotin a toujours quelque chose à dire:

Approche théorique sur une analogie audio-gustative:

Quelles sont les principales caractéristiques de l'oeuvre de Mike Oldfield et les critères de dégustation d'une bière ? Et surtout, quels rapports peut-on établir entre les deux ? Sans entrer dans les détails de la composition chimique, les bières se caractérisent tout d'abord par leur aspect visuel dont nous retiendrons trois facteurs:
. la couleur (de blanc à noir en passant par les différents blonds, ambrés et bruns)
. le degré d'opacité (de clair à opaque)
. l'apparence de la mousse (taille des bulles et couleur)

Du côté du goût, les choses se compliquent. On simplifiera donc en évoquant seulement les degrés:
. d'amertume
. de sucre
. d'alcool

Pour les oeuvres de Mike Oldfield, les critères touchent également deux domaines: la nature des sons utilisés (liés aux instruments et aux voix) et celui de la composition. La guitare étant une constante dans l'oeuvre de Mike Oldfield, il est donc tout à fait logique de la relier à celle de la bière: la mousse. Plus les sons de guitare seront variés, offrant donc une "densité" plus grande, plus on pourra rapprocher l'oeuvre des mousses denses, c'est à dire à petites bulles. La complexité des sons (qu'ils soient obtenus par synthétiseurs ou non ne change rien au problème) est à mettre quant à elle en relation avec le degré d'opacité. La clarté et la limpidité traduisant des sons simples et peu nombreux, et à l'inverse, l'opacité des sons complexes et nombreux. La couleur est l'élément le plus délicat à appréhender dans la mesure où il traduira des impressions plus subjectives liées à la musique. Il est évidemment hors de question de se borner au simple schéma manichéen noir, sombre=mauvais/blanc, clair=bon. Ce trait demanderait à être discuté dans une étude plus sémiologique.

Les goûts sont donc à mettre en relation avec la composition. Ce parallèle n'est pas fait au hasard, car de même que l'on parle de l'équilibre d'une bière, entre les trois facteurs évoqués plus haut, une composition se doit de faire preuve elle aussi d'équilibre. Sans parler de toutes les subtilités de la composition, ce qui nous demanderait une étude plus fouillée qui sortirait du cadre de cette simple approche, mais dont on soulignera l'analogie de complexité avec la problématique du goût, on notera des constances dans celles de Mike Oldfield:

Tout d'abord, il y a la répétitivité, qui est a prendre au sens Glassien du terme et qui n'est pas seulement une simple répétition d'un thème, mais l'enrichissement progressif de ce dernier au fur et à mesure de ses itérations. L'effet hypnotique suscité par ce procédé est en tout point semblable à celui que provoque l'absorbtion d'alcool, et c'est donc tout naturellement que nous mettrons ces deux traits en relation.

Ensuite viennent les transitions. Entre les différents thèmes d'une oeuvre, elles se font plus ou moins abruptement. Si elles sont soudaines et abruptes, elles donneront un caractère "anguleux" à l'oeuvre, et inversement, si elles sont progressives et douces, l'effet obtenu sera une impression de "rondeur". Or, c'est précisément ce trait de "rondeur" qui est utilisé pour déterminer le degré de sucre d'une boisson: le rapport s'impose donc de lui-même.

Enfin, si Mike Oldfield attache une importance toute particulière à la mélodie, cela n'empêche pas que certaine de ses oeuvres, sans doute sous l'influence des talentueux batteurs avec qui il a travaillé, intègrent des structures rythmiques plus ou moins complexes. Le rythme est donc chez ce musicien un moyen de souligner les mélodies, plus que de les porter, et c'est exactement ce même rôle de mise en valeur dont est chargé l'amertume, trait qui, rappellons-le, est aussi indispensable à la bière que le rythme l'est à la musique.

Il apparaît donc que les analogies entre les différentes sortes de bières et les oeuvres de Mike Oldfield, sont loin d'être fortuites, ce qui n'est guère étonnant chez un musicien aux origines celtes, peuple chez qui la musique et la bière constituent deux piliers de leur culture.

Professeur Chotin